La nature peut être douce, chaude et accueillante mais je l'ai pourtant souvent trouvée hostile, rude et sauvage.
Cela vient peut-être du fait que la nature que j'ai fréquentée pendant bien longtemps était une nature indomptée...
Lorsque j'avais trois ans environ, mes parents ont acheté une vieille bâtisse dans le massif central, région des volcans d'Auvergne, enclavée, arriérée dans ses pratiques d'agriculture et ses modes de vie... mais tellement authentique, fière avec ses forêt d'épineux, dessinée de creux et de bosses (nous, les enfants, avions tous de bons mollets dus à la pratique intensive du vélo, sans vitesse s'il vous plaît !), tellement froide en hiver et enfin accorte en juillet.
Nous passions la plupart de nos vacances là-bas, menant une vie bohème, livrés à nous-mêmes pendant que nos parents et bien souvent beaucoup d'amis, retapaient la maison et refaisaient le monde.
Je garde de ces années d'enfance des souvenirs heureux et magnifiques. Je me sentais libre et insouciante -mais peut-être était-ce juste la quintessence de l'enfance ?
L'un de nos jeux préférés s'appelait "l'alpinisme". Il consistait à passer à la queue-leu-leu dans des endroits plus inaccessibles les uns que les autres, une façon certainement de tester notre vaillance, notre sang-froid, notre cohésion.
Nous étions passés sous une souche, puis avions longé un mur hérissé et maintenant nous étions face à cette toute petite fenêtre. Il nous fallait absolument la traverser et nous retrouver en bas. Elle me paraissait haute cette fenêtre. Il y avait un arbre juste devant, tout fin, long comme un grand roseau. L'un après l'autre, nous l'avons empoigné et l'arbre a ployé sous notre poids, adoucissant un peu notre atterrissage mais vraiment très peu...
La piste nous réservait une surprise, piquante... Elle était tapissée de magnifiques, splendides orties vert foncé, des orties dans la force de l'âge, urticants à souhait !
D'abord, des petites piqûres, "même pas mal", et puis la démangeaison est arrivée, s'est déployée sur nos petits corps, dans le dos, derrières les mollets, sur les avants-bras.
Et, en bons stratèges que nous étions, nous sommes allés nous soulager dans le bac à sable des bébés. A plat ventre, à plat dos, nous nous sommes grattés, gommés tant que nous avons pu, jusqu'à ce que cette sensation terrible ait disparu.
De fil en aiguille, alors que ce souvenir se dévide, une évidence m'apparaît. Cette nature indomptée est aussi indomptable : nous revenons toujours dans cette maison, qui est maintenant une belle demeure bourgeoise (!). Mes enfants jouent à la même balançoire et s'inventent peut-être les mêmes histoires.
Et bien, il y a quelques années, Mon Second, alors âgé de quatorze mois, s'approchant d'un peu trop près d'un joli buisson d'herbes exubérantes, est tombé dedans, tête la première. Il en est ressorti en hurlant : c'était un buisson d'orties !
lundi 22 octobre 2007
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1 commentaire:
et je m'en rappelle comme si c'était hier, je crois que c'était ma première (et seule) visite à cette maison d'Auvergne.
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